- rabrouer
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• 1398; de brouer « gronder, écumer » (XIVe); de l'a. fr. breu « écume »; cf. ébrouer♦ Accueillir, traiter avec rudesse (qqn qu'on désapprouve, dont on veut se débarrasser). ⇒ rebuter, rembarrer; fam. remballer (cf. Envoyer au diable, envoyer promener). « Il l'avait rabrouée [...] quand elle disait qu'elle “n'était pas comprise” » (Montherlant). ⊗ CONTR. Choyer.Synonymes :- envoyer promener (familier)- rembarrer (familier)rabrouerv. tr. Traiter avec brusquerie; accueillir ou repousser durement.⇒RABROUER, verbe trans.Recevoir quelqu'un ou lui répondre sans ménagements, en le repoussant avec des paroles dures et sur un ton cassant. Synon. rembarrer (fam.), envoyer au diable, envoyer promener (fam.). Rabrouer un impertinent, se faire rabrouer, rabrouer vertement. Il leur a dit qu'elles se conduisaient mal avec moi (...) Il a rabroué ma nièce, qui a voulu parler (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 334). Il est dangereux de réprimer brutalement ses curiosités, en rabrouant l'enfant ou en lui faisant honte de ses questions (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 147). Je sais bien que tu as de l'ouvrage, mais tu ne veux même pas que je t'aide, et quand je viens à la cuisine, tu me rabroues comme si je n'étais pas ta mère, mais une vieille bonne que l'on garde par charité (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 49).— [P. méton. du compl. d'obj.] À ces questions, certains, parmi nos conseillers ou qui voudraient l'être, ont déjà répondu. Ç'a été pour rabrouer nos espérances. Les plus indulgents ont dit: l'histoire est sans profit comme sans solidité (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. 111).Prononc. et Orth.:[
], (il) rabroue [-
]. FÉR. Crit. t. 3 1788 ,,il rabrouera, rabrouerait:prononcez ra-broû-ra, ra-broû-rè, en 3 syllabes``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin XIVe s. (EUSTACHE DESCHAMPS, Dit des .IIII. offices, 249 ds Œuvres, éd. Queux de St Hilaire et G. Raynaud, VII, 183). Comp. du préf. ra-, v. re- et prob. du m. fr. brouer « gronder », proprement « écumer », av. 1488 (Sotie des sots « gardonnez » ou des trois coquins, 157 ds Le Recueil Trepperel, Les Sotties, éd. E. Droz, p. 104), cf. aussi le m. fr. et le fr. rebrouer « rabrouer », ca 1584 (BRANTÔME, Des Dames, 2e part. ds Œuvres compl., éd. L. Lalanne, t. IX, p. 487) — POMEY 1700, le pic. et le norm. rebrouer « id. » (FEW t. 15, 1, p. 292b); brouer est dér. de breu, v. brouet (BL.-W.1-5). Fréq. abs. littér.:79.
DÉR. 1. Rabrouement, subst. masc. Action de rabrouer. Virelain parlait sec d'un ton de rabrouement (ARNOUX, Solde, 1958, p. 53). — []. — 1re attest. 1544 (SEYSSEL, tr. APPIEN, Guerre lib., ch. 5 ds HUG.); de rabrouer, suff. -ment1. 2. Rabroueur, -euse, subst. Personne qui a l'habitude de traiter les autres avec rudesse et sans ménagements. Le connétable, grand rabroueur de personnes, étoit à Bordeaux (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 4, 1831, p. 287). — [
], fém. [-ø:z]. — 1res attest. 1537 (Le Courtisan d'apr. Lar. Lang. fr.), 1573 rabroueur de petits enfans (DUPUYS); de rabrouer, suff. -eur2.
rabrouer [ʀabʀue] v. tr.ÉTYM. XIVe; de re-, et moy. franç. brouer « gronder, écumer, être en colère », de l'anc. franç. breu, brou. → Brouet.❖♦ Accueillir, recevoir, traiter (qqn) avec brusquerie, rudesse, en le tançant ou en le repoussant. ⇒ Gronder, promener (envoyer promener); rebuter, rembarrer (fam.); cf. Envoyer au diable, à tous les diables; et → Bougonner, cit.; pied, cit. 13. || Il s'est fait vertement rabrouer. — Absolt. || Rabrouant et criant (→ Étincelant, cit. 4).1 — Je suis à l'âge où l'on ne se corrige guère; mais si les premiers qui se sont adressés à moi m'avaient rabroué comme tu as fait, peut-être en serais-je devenu meilleur.Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 586.2 (…) il l'avait rabrouée quand elle disait ce mot banal de toutes les jeunes filles : « Je suis un phénomène » (…) il l'avait rabrouée encore quand elle disait qu'elle « n'était pas comprise » (…)Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 74.❖CONTR. Câliner, choyer.DÉR. Rabrouement, rabroueur.
Encyclopédie Universelle. 2012.